La financiarisation des entreprises

Après la 2nde Guerre Mondiale, l’idée de bénéficier de revenus (comme les retraites, le chômage ou les dividendes, par exemple) sans pour autant exercer une activité directement liée à ce revenu, s’est généralisée. Notre système économique a dû trouver un moyen pour les financer.

 

Tout a commencé aux États-Unis. Les entreprises étaient chargées de collecter l’épargne des salariés en vue de leurs retraites à l’intérieur d’un fonds de pension. Cette épargne était placée dans l’entreprise elle-même.

 

Or, en 1974, la loi a demandé à ces fonds de pensions de placer cet argent dans d’autres entreprises, pour limiter les risques.

 

Dès lors, une énorme quantité d’épargne a été placée sur les marchés boursiers.  Les entreprises américaines cotées ont ainsi pu bénéficier de sommes considérables. Les fonds chargés de gérer cette épargne ont acheté des actions d’entreprises qui leur paraissaient solides et leur promettaient les rendements les plus importants. Une forte compétition s’est installée entre les entreprises qui se sont mis à promettre toujours plus de profit.

 

L’épargne captée leur a permis de financer des innovations, d’acheter d’autres entreprises et de s’accroître à l’international et ainsi… de réaliser plus de profits…

 

Le modèle américain a été suivi par l’Europe puis par le monde entier à partir de 1985 : toutes les entreprises cotées ont fait des promesses de profit pour attirer les capitaux.

 

Les entreprises ont alors transformé leur modèle de fonctionnement. Elles ont intégré des outils de contrôle et de reporting sophistiqués pour garantir un profit maximum, à toutes les étapes de la production. Avant, la finance n’était qu’un outil au service du travail, unique facteur de création de la valeur. Désormais, c’est le travail qui est au service du résultat financier promis aux actionnaires. C’est ce que l’on appelle la financiarisation des entreprises.

 

Pendant 30 ans, la course au profit a accéléré les innovations et les regroupements d’entreprises. Cette surenchère d’innovations a généré une forte croissance économique mais celle-ci était fondée sur une destruction toujours plus rapide des produits et des services. Les entreprises finissent par devoir détruire elles-mêmes leurs innovations en en trouvant toujours de nouvelles.

 

En 2007, la course à l’innovation garantie par la finance est en panne. En effet, l’argent des épargnants n’est plus assez abondant et leur confiance n’est plus acquise. La période de prospérité économique s’arrête. De la transformation des entreprises naîtra le nouveau mode de croissance des prochaines décennies.