Austérité ou relance, comment choisir ?
Pour diminuer le poids de sa dette par rapport à son PIB, un État peut mener soit une politique d’austérité, soit une politique de relance, en faisant varier ses dépenses et ses impôts.
Ce choix est influencé par la valeur d’un indicateur appelé multiplicateur. Pour certains économistes, comme Keynes, ce multiplicateur est forcément supérieur à 1 : l’État devrait donc mener une politique de relance, c’est-à-dire augmenter ses dépenses pour augmenter son PIB.
Par exemple : un État paie une entreprise 100 000€ pour construire une école, il creuse donc sa dette de 100 000€. Sur les revenus versés par l’entreprise à ses salariés ou ses fournisseurs, 20% seront épargnés et 80% seront consommés pour acheter des biens ou des services, soit 80 000€ de dépenses supplémentaires. Sur ces 80 000€ dépensés, 20% seront épargnés et 80% seront dépensés, soit 64 000€ de dépenses supplémentaires dans l’économie. Ce processus d’épargne et de dépenses va continuer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de revenus à épargner ou à dépenser.
Si on fait la somme de tous les montants dépensés dans l’économie, on arrive à un total de 500 000€ pour une augmentation des dépenses publiques initiales de 100 000€. L’augmentation des dépenses publiques et donc de la dette a entrainé une augmentation des dépenses privées et a conduit à une augmentation encore plus forte du PIB de l’État : sa dette a augmenté moins vite que son revenu.
Pour d’autres économistes, le multiplicateur est inférieur à 1. En effet, selon eux, lorsqu’un état augmente ses dépenses, les ménages subissent ou redoutent l’augmentation des impôts. Ils vont donc préférer épargner leur supplément de revenus plutôt que le dépenser. Cet argent ne sera pas réinjecté dans l’économie, et l’augmentation des dépenses publiques conduira à une baisse ou à une augmentation moins forte des dépenses privées : la dette de l’État augmentera alors plus vite que son revenu. L’État devrait donc suivre une politique d’austérité, c’est à dire baisser les dépenses publiques et/ou augmenter les impôts.
Les économistes ont toujours débattu de la manière de calculer les multiplicateurs. Aujourd’hui, de nombreux économistes (dont ceux du FMI) pensent que les multiplicateurs seraient supérieurs à un : les États devraient donc se tourner vers une politique de relance.
Cependant, cette politique paraît risquée pour de nombreux pays, car si le multiplicateur n’est en réalité pas supérieur à un, cela pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’économie et sur la dette.